Portrait de Marco Rüedi, « Startup doctor » & coach pour les startups FIT
Depuis 2016, Marco Ruedi exerce le rôle de coach et rencontre des start-ups pour les aiguiller à naviguer dans l’écosystème et les aider à préparer leur postulation à la FIT.
Qui êtes-vous et quel est votre parcours ?
Je suis médecin de formation, et aujourd’hui je me définis comme « startup doctor ». Je suis originaire de Schaffhouse, puis j’ai fait mes études de médecine à Fribourg et à Berne, avant de participer à des missions à l’étranger avec notamment l’ONU et l’Armée Suisse. A mon retour, j’ai choisi de ne pas m’orienter vers la médecine pure, car j’étais convaincu qu’il y avait plein d’autres moyens pour innover dans le domaine de la santé.
C’est comme ça que j’ai participé au lancement de Medgate, une startup devenue un centre d'appel médical suisse de premier plan. J’ai ensuite fait mes armes dans l’industrie pharmaceutique et la medtech dans d’autres entreprises. C’est grâce à ma perspective de médecin et mon expérience dans l’industrie que j’aide aujourd’hui les entrepreneurs à se positionner à l’intersection de ces mondes.
Comment êtes-vous « tombé » dans l’entrepreneuriat ?
Medgate était donc ma première aventure dans l’entrepreneuriat. Etant encore relativement jeune, j’ai choisi de faire une formation managériale et de rejoindre Sanofi où je suis resté 10 ans, puis une PME en medtech à Genève. Après 15 à 20 ans d’expérience en tant que médecin et dans plusieurs rôles dans différentes entreprises, je me demandais comment retourner vers l’entrepreneuriat que j’avais rencontré très tôt, à un moment où je ne me sentais pas encore assez « armé » pour me lancer. S’ensuivit une période de transition où j’ai été coach pour la FONGIT à Genève, avant que je co-fonde une société pharmaceutique à l’EPFL, dans laquelle j’étais CEO.
Ensuite, j’ai repris mon rôle de coach avec plusieurs casquettes reliées à différents organismes de soutien aux startups.
A quand remonte le début de votre histoire avec la FIT ?
Comment a-t-elle commencé ?Je suis coach pour la FIT depuis 2016, dès que j’ai intégré le centre de compétences pour le coaching de l’EPFL Innovation Park. Bien sûr, étant donné ma formation et mes expériences, ce sont les startups du domaine des sciences de la vie que j’accompagne en particulier. Cela fait donc six ans que j’aide 4 à 6 startups à préparer leur postulation pour la FIT chaque année. En tout, au travers de mes différentes casquettes, je suis entre 50 et 60 startups par année, et je rencontre à différentes occasions jusqu’à 220 startups comme coach, mentor, jury – via MassChallenge ou VentureKick par exemple.
En quoi consiste votre rôle en tant que coach ?
Il s’avère qu’au travers de l’écosystème, je connais déjà la plupart des startups avant qu’elles n’arrivent à la FIT. Nous les rencontrons normalement très tôt, idéalement déjà au tout début lorsque l’idée est en train de germer, pendant les formations InnoSuisse « Business Concept » ou « Business Creation ». L’étape suivante consiste à voir si l’on peut dérisquer le projet vers un Proof of Concept ou un Proof of Principle. Si on peut aller plus loin et fonder la société, la FIT peut vraiment aider pour passer de l’académique à l’entreprise ! Dans les sciences de la vie en particulier, c’est toujours une question de timing : les startups doivent avoir des résultats pour pouvoir lancer des levées de fonds, et la FIT s’intègre généralement très tôt, dans les tours pre-seed, avec un financement qui permet aux start-ups d’avancer pour valider leurs résultats.
Lorsque je rencontre des startups, je pense toujours aux outils de la FIT pour pouvoir anticiper le moment où elles seront prêtes et auront besoin du soutien de la Fondation.
Pourquoi avez-vous choisi d’assumer ce rôle ?
C’est là que je vois un lien avec mon ancien rôle de médecin. En médecine, on prend en charge le corps et l’esprit du patient. Pour les startups, un coach doit aider à résoudre le problème lié au business et à la proposition de valeur, mais derrière une startup, il y a aussi des personnes qui prennent des risques, qui peuvent parfois avoir peur, et certains sont très jeunes. C’est là que la dimension du coaching est la plus proche du docteur : on doit écouter les personnes que l’on a en face de nous de sorte à ce qu’on puisse les accompagner et les aider à se développer.
Je suis particulièrement proche de la dimension médicale, et j’essaie d’aider les ingénieurs à faire la translation du laboratoire au patient : si on change un produit chimique, qu’est-ce que cela change pour le patient ?
Qu’est-ce qui vous marque chez les entrepreneurs que vous voyez passer par la FIT ? Y a-t-il un dénominateur commun ?
Tous les entrepreneurs dans ce domaine cherchent à avoir un impact sur la santé, à changer et à innover pour améliorer encore nos pratiques. Mais cela devient de plus en plus compliqué, car il y a déjà énormément de choses qui existent et d’innovations qui ont été apportées. Malgré tout, nous n’avons toujours pas de solution à tout !
Un entrepreneur dans les sciences de la vie peut donc arriver avec une innovation toute petite mais avec le potentiel de créer un changement considérable. Je vois parfois des entrepreneurs avec des hypothèses assez folles, et la FIT permet aux projets d’évoluer sur une prochaine phase où l’idée peut devenir une vraie innovation.
Ce qui me passionne dans mon rôle de coach, c’est de participer à analyser ces projets – parfois encore au stade de concepts – qui pourraient être game changing. Je suis un rare médecin qui se promène dans le monde de l’entrepreneuriat, en faisant le lien entre ces mondes, et je me réjouis vraiment d’être dans ce vivier.