Portrait de B'Zeos
L'algue comme alternative au plastique

Prêt Food Tech 2021

L'impact de l'homme sur la planète n'est plus à prouver, un des plus flagrants étant celui de notre empreinte plastique, issu de notre consommation grandissante.

B'Zeos, c'est avant tout trouver une solution innovante à la pollution plastique en mettant l'innovation au cœur des modes de consommation. B'Zeos est la première start-up que la FIT soutient dans le nouveau programme FIT Food Tech en collaboration avec Nestlé, dont l’objectif est d’encourager la collaboration et l'investissement entre les entreprises de l’industrie alimentaire et les jeunes pousses de l’écosystème d’innovation local.

Portrait de Guy Maurice, CEO de B'Zeos et entrepreneur qui va chercher les solutions dans l'océan.
 
Comment vous est venue l'idée derrière B’Zeos ? Que signifie B’Zeos ?
À l'origine, je travaillais dans la gestion des déchets en Afrique puis au Panama. C'était un réel apprentissage, et j’ai été marqué par le fait que tous les déchets étaient brûlés dans des déchèteries en plein air et sans différenciation. C'est à mon retour du Panama, lorsque j'ai rendu visite à un ami à New York que le déclic est venu. Nous sommes allés dans un bar "eco-friendly" qui servait des boissons organiques mais avec des pailles en plastique. J'ai piqué la mouche et me je suis demandé pourquoi on ne mangerait pas les pailles pour éviter qu'elles finissent dans la nature. L'idée est venue de là : créer la première paille mangeable à partir d'algues. J'ai donc lancé B'Zeos qui signifie Bio-based Zero waste Edible marine Origine Soluble.

Vint ensuite le challenge de bioplastiques, que les magasins nous proposent comme une alternative durable au plastique solide classique. Mais c'est un faux-ami ! Les bioplastiques inondent le marché et c'est plus souvent une catastrophe environnementale. L'idée était donc de créer un produit nous permettant de faire disparaître les bioplastiques de notre quotidien.
 
Pouvez-vous nous en dire plus sur l'impact environnemental de votre produit ?
Au départ, B'Zeos s'est attaqué au problème de la paille, car on voit malgré tout que même les pailles en carton finissent dans la nature et mettent un certain temps à se décomposer. Nous avons donc conçu une paille à base d’algue. Par la suite, nous nous sommes tournés vers les emballages afin d'avoir un impact plus important sur la diminution de la pollution plastique.

L'idée était donc de proposer un emballage fait à partir de nourriture, non pas à des fins de consommation – car les normes sanitaires empêchent d’inciter à consommer l’emballage – mais de sorte à rendre l’emballage biodégradable, tel un déchet alimentaire. L'emballage devient donc compostable à la maison. Notre emballage se dégrade en 2 semaines – soit plus vite qu'une banane – et peut se dissoudre dans l'eau.

Concernant la matière de ces emballages, nous avons fait le choix de nous tourner vers la mer, pour éviter de solliciter des surfaces agricoles. Notre vision se veut au plus proche de la nature, d'où l'utilisation d'algues dans notre technologie.

L'algue pousse 25 fois plus vite que les plantes terrestres et il y a jusqu'à 50 espèces que B'Zeos pourrait utiliser, bien que nous utilisions les algues brunes d'Europe. On collecte la meilleure partie de l'algue – la tige – pour en extraire le gel, qui a des propriétés mécaniques très intéressantes.
 
Le marché du packaging n’est pas le plus facile à transformer ; comment procédez-vous pour convaincre les industriels du secteur ?
J'ai été surpris de voir qu'en Suisse il n'y avait quasiment que les bouteilles en PET qui étaient recyclées et que tous les autres déchets plastiques finissaient à la poubelle classique. Pourtant, on compte de grands groupes dans le domaine des emballages avec près de 70 ans d'expérience.

Cette industrie n'a pas connu de changements majeurs depuis ses débuts, notamment du fait que le plastique est un produit fini dont les polymères sont parfaits. Dès lors, lorsqu'une boîte comme B'Zeos arrive pour changer les choses et proposer des emballages à base d'algue, l'industrie veut un produit fini très rapidement, mais la réalité est toute autre. Il faut un certain temps avant de pouvoir proposer un emballage fini. Grâce à la FIT et à Nestlé, nous avons pu nous lancer dans cette industrie et commencer à réaliser nos emballages à base d'algue.
 
Comment le programme FIT Food Tech avec la FIT et Nestlé vous a-t-il aidé dans votre développement ?
Nous venons de finir la 2e collaboration et discutons actuellement avec Nestlé pour démarrer une 3e phase. Comme je l'ai dit avant, le challenge est de s'insérer et de changer les normes dans l'industrie du packaging en développant rapidement un produit fini. Viendra alors la partie où nous devrons convaincre les différents industriels d’utiliser notre technologie.

Nous avons eu beaucoup de chance dans notre parcours en Suisse d’être rapidement pris au sérieux. Nous nous sommes faits connaître au niveau national, nous permettant de ne pas dépendre uniquement de l'industrie de l'emballage, mais au contraire, de pouvoir diversifier les applications des emballages B'Zeos.
 
Pour conclure, un mot sur les projets actuels et à venir de B’Zeos ?
Grâce au FIT Food Tech de la FIT et à Nestlé, nous avons pu passer de la paille à du flexible concret. Nous avons créé un emballage à base d'algue de 10 mètres. Nous ne voulons pas nous arrêter là, mais regarder au niveau industriel, notamment en renforçant cette collaboration avec Nestlé.

La Suisse fonctionne un peu comme un « village très industrialisé » où tout le monde se connaît. La FIT et Nestlé nous ont permis de nous insérer dans cet écosystème et nous avons également intégré la Swiss Food Nutrition Valley grâce à Innovaud et la FIT. Cela nous aidera grandement pour notre développement futur.

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